mercredi 7 avril 2021

Vladimir Lénine et la révolution jeune-turque



Vladimir Lénine, tract "La plate-forme électorale du P.O.S.D.R.", mars 1912 :


"Il fut un temps où la monarchie tsariste était le gendarme de l'Europe, où elle protégeait la réaction en Russie et aidait à écraser par la force tout mouvement en faveur de la liberté en Europe. Nicolas II a poussé les choses à ce point que le tsar n'est plus seulement le gendarme de l'Europe mais aussi celui de l'Asie, qui s'efforce, par l'intrigue, l'argent et la violence la plus bestiale, d'écraser tout mouvement en faveur de la liberté en Turquie, en Perse, en Chine."


Vladimir Lénine, "Les destinées historiques de la doctrine de Karl Marx", Pravda, 1er mars 1913 :


"Les opportunistes n'avaient pas encore fini de glorifier la "paix sociale" et la possibilité d'éviter les tempêtes sous la "démocratie", que s'ouvrait en Asie une nouvelle source de grandes tempêtes mondiales. La révolution russe [de 1905] a été suivie des révolutions turque, persane, chinoise."


Vladimir Lénine, Les tâches du prolétariat dans notre révolution, avril-mai 1917 :


"Soumis aux intérêts du capital russe et de son puissant protecteur et maître, le capital impérialiste anglo‑français, le plus riche du monde, le nouveau gouvernement, malgré les vœux formulés de la façon la plus précise par le Soviet des députés soldats et ouvriers au nom de l'indéniable majorité des peuples de Russie, n'a rien entrepris de concret en vue de mettre fin au massacre des peuples qui s'entre-tuent pour défendre les intérêts des capitalistes. Il n'a pas même publié les traités secrets de caractère manifestement spoliateur (prévoyant le partage de la Perse, le pillage de la Chine, le pillage de la Turquie, le partage de l'Autriche, l'annexion de la Prusse orientale et des colonies allemandes, etc.) qui lient notoirement la Russie aux forbans du capital impérialiste anglo‑français. Il a confirmé ces traités conclus par le tsarisme qui, pendant des siècles, a spolié et opprimé plus de peuples que les autres despotes, — par le tsarisme qui, non content de l'opprimer, déshonorait et corrompait le peuple grand-russe dont il avait fait le bourreau des autres peuples.

Après avoir confirmé ces traités d'infamie et de brigandage, le nouveau gouvernement, contrairement aux revendications de la majorité des peuples de Russie, clairement formulées par les Soviets des députés ouvriers et soldats, n'a pas proposé un armistice immédiat à tous les belligérants.
Il s'est borné à prodiguer des déclarations et des phrases solennelles, ronflantes et pompeuses, absolument vides de sens, qui dans la bouche des diplomates bourgeois ont toujours servi et servent encore à  tromper les masses confiantes et naïves du peuple opprimé."


Vladimir Lénine, discours sur la guerre, Ier Congrès des Soviets, 22 juin 1917 :


"Que les Anglais évacuent la Turquie [l'Empire ottoman] et cessent de se battre pour Bagdad. Qu'ils évacuent l'Inde et l'Egypte. Nous ne voulons pas nous battre pour qu'ils conservent les fruits de leurs rapines. (...) Voyez l'état d'esprit de tout ouvrier et de tout paysan opprimés. Ils sympathisent avec vous, déplorant que vous soyez si faibles que, ayant des armes, vous laissiez les banquiers en place. Les ouvriers opprimés de tous les pays sont vos alliés. Ce que la révolution de 1905 a montré en fait se reproduira. Elle était terriblement faible à ses débuts. Mais quel a été son résultat international ? Comment cette politique, comment l'histoire de 1905 ont elles orienté la politique extérieure de la révolution russe ? Vous faites maintenant la politique extérieure de la révolution russe en plein accord avec les capitalistes. Or, 1905 a montré quelle doit être la politique extérieure de la révolution russe. C'est un fait qu'après le 17 octobre 1905 des manifestations monstres ont commencé dans les rues et des barricades ont été dressées à Vienne et à Prague. Après 1905 il y a eu 1908 en Turquie, 1909 en Perse, 1910 en Chine. Si vous en appelez à une démocratie vraiment révolutionnaire, à la classe ouvrière, aux opprimés, au lieu de vous entendre avec les capitalistes, vous aurez pour alliés non les classes d'oppresseurs, mais les classes opprimées, non les nations où les classes d'oppresseurs l'emportent temporairement aujourd'hui, mais celles que l'on est en train de démembrer."


Vladimir Lénine, contribution au IIIe Congrès de l'Internationale communiste, 13 juin 1921 :


"Les masses laborieuses des pays coloniaux et semi-coloniaux, qui forment l'immense majorité de la population du globe, ont été éveillées à la vie politique dès le début du XXe siècle, notamment par les révolutions de Russie, de Turquie, de Perse et de Chine. La guerre impérialiste de 1914-1918 et le pouvoir soviétique en Russie font définitivement de ces masses un facteur actif de la politique mondiale et de la destruction révolutionnaire de l'impérialisme, bien que la petite bourgeoisie instruite d'Europe et d'Amérique, y compris les chefs de la IIe Internationale et de l'Internationale II 1/2, s'obstinent à ne pas le remarquer."


Voir également : La révolution jeune-turque ou l'inextinguible lumière de l'espoir

L'intelligentsia panturquiste et la Russie

Les libéraux russes et la révolution jeune-turque

Alexandre Schapiro

Archak Zohrabian et Alexandre Parvus : anti-tsarisme, nationalisme économique et ralliement aux Centraux

Talat Paşa (Talat Pacha) et la chute du tsarisme

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