Paul Belon, "Les projets des Jeunes-Turcs : Une Conversation avec Enver bey", Le Journal, 15 mai 1909, p. 4 :
"— Pensez-vous que le ministère actuel ait la confiance assurée du Parlement ?
— C'est certain, répond sans hésitation Enver bey, car il la mérite entièrement. Ce gouvernement se compose d'hommes capables, énergiques, qui feront tous leurs efforts pour réorganiser les finances de la Turquie et
son administration. Il aura à se préoccuper également de donner
l'instruction au peuple. Aussi désirons-nous une longue période de paix dont nous avons besoin pour donner au pays des institutions qui lui assurent le progrès. C'est pour cela que notre principal souci sera de nous garantir le plus parfait accord avec toutes les puissances.
— Même avec la Bulgarie ?
— La Bulgarie est notre voisine immédiate. Je suis donc convaincu que, si la chose est réalisable, notre parti tout entier appuiera de son approbation l'initiative d'une entente turco-bulgare, à laquelle la Serbie serait invitée à participer, de façon à garantir une paix définitive dans les Balkans. Vous me direz que ce sont de bien beaux projets qui rencontreront peut-être quelques difficultés de réalisation. L'Europe peut, en tout cas, avoir pleine confiance dans notre bonne volonté. Nous lui demandons seulement un peu de patience."
E. R., "En Turquie : Déclarations d'Enver bey sur la situation politique en Turquie", Le Temps, 9 juin 1909 :
"Enver bey demande pourquoi l'on sacrifierait les droits d'un empire de trente millions d'hommes aux sentiments
d'un petit royaume de deux millions et demi d'âmes.
La politique lui apparaît comme une science réaliste, et il ne conçoit pas que les puissances puissent subordonner aux aspirations gréco-crétoises le sentiment national d'une Turquie qui vient de fournir la preuve de sa vigueur actuelle et qui est en train de consolider sa force et de s'organiser. Sa reconnaissance, n'est pas un vain mot et a une valeur effective.
— Mais sans parler de l'avenir, me dit-il, songeons à ce que serait une guerre avec la Grèce. Notre armée a montré ce qu'elle savait faire et ce qu'elle était devenue. Notre succès ne peut faire de doute pour personne, et cette fois, il ne suffirait plus
d'un télégramme du tsar au sultan pour arrêter notre armée victorieuse. C'est la nation qui se battrait ;
le sentiment patriotique s'est révélé chez nous. Il faudrait l'intervention de l'Europe pour limiter notre marche, et
l'ère des complications se rouvrirait, plus périlleuse que jamais !
A ces perspectives guerrières, Enver bey s'empresse d'opposer le désir et le besoin de la Turquie de jouir d'une paix qui lui permette de se livrer entièrement à la lourde tâche de réorganisation qui lui incombe. Mais celle-ci ne pourrait débuter par un nouveau démembrement. La Turquie constitutionnelle serait obligée, par des nécessités vitales, de s'y opposer par le suprême effort de toutes ses forces réunies.
— Vous concevez, ajoute Enver bey, l'importance du service qu'on nous rendra en nous aidant à échapper à cette éventualité.
Et ici, Enver bey me parle des rapports de la Turquie avec l'Europe.
— Nous avons besoin, me dit-il, dans cette période surtout, de toutes les puissances pour travailler en repos. Nous sommes particulièrement reconnaissants à celles qui nous aident. Nous ne nous jetons dans les bras de personne, mais nos sympathies se guident d'après nos intérêts ottomans et l'appui qu'on nous donne. Nous savons gré à l'Allemagne de nous avoir aidé à réorganiser notre armée. L'Empereur autorisera le général von der Golz à venir compléter son œuvre, et nos officiers continueront à se perfectionner à l'école de l'armée allemande. Nous ne les enverrons pas ailleurs pour conserver plus d'unité dans nos principes militaires.
» Mais nous nous sommes adressés à l'Angleterre pour refaire notre marine, à la France pour nos finances, et c'est chez vous aussi que nous enverrons nos officiers de gendarmerie. Une quinzaine, je crois, doivent partir bientôt pour aller compléter leur éducation technique en France. D'ailleurs nous n'oublions pas ce que nous devons à
la France, nous connaissons ses sympathies et presque tous les membres du comité jeune-turc conservent précieusement le souvenir de
l'hospitalité qu'ils ont reçue chez vous, de ce qu'ils y ont vu et appris.
C'est pourquoi nous souhaiterions doublement que la France aidât les puissances à adopter dans la question crétoise la solution qui écarte les dangers de troubles et nous assure le repos que nous désirons. Puisse le Temps y contribuer."
Paul Richard, "La Mission Allemande à Constantinople", L'Aurore, 13 janvier 1914, p. 1 :
"On confirme à Constantinople la nouvelle que
les attributions du général Liman von Sanders viennent d'être modifiées par un iradé dû à l'instigation du nouveau ministre de la guerre Enver pacha.
Le général allemand n'aura pas le commandement effectif du premier corps d'armée ottoman. Il remplira seulement les fonctions d'inspecteur général, c'est-à-dire, en somme, d'instructeur général de l'armée.
Cette décision a été prise après entente avec l'Allemagne, qui semble s'en accommoder assez bien. A Berlin, on déclare que la mesure était désirable,
car elle diminue les chances de conflit possible entre le général allemand et Enver pacha. Tant mieux. De son côté, Enver pacha l'explique en disant qu'il considère que le commandement effectif d'un corps d'armée risquerait d'absorber une trop grande part de l'activité du général Liman, au préjudice de sa haute fonction d'inspecteur général chargé de la réorganisation de l'armée. Un second général allemand lui sera adjoint comme sous-chef d'état-major général.
Voici donc la mesure si instamment et si vainement réclamée jusqu'ici par la Triple-Entente prise spontanément par le jeune ministre turc. Tout est bien.
Et l'on ne peut manquer de reconnaître que le patriotisme d'Enver pacha a fait plus que la vaine diplomatie des puissances pour remettre au point une situation aussi contraire aux intérêts de la Turquie qu'à ceux de la Russie et de ses alliées. S'il était inacceptable pour elles que la capitale ottomane fût livrée aux mains d'un général étranger et au bon plaisir de l'Allemagne, cela l'était bien plus encore pour la Turquie.
La dignité même de son pays faisait un devoir à Enver pacha de revenir sur une décision arrachée à la faiblesse malavisée de son prédécesseur [Ahmet İzzet Paşa]. Il vient de remplir ce devoir. Il faut s'en féliciter et l'en féliciter aussi. Par ce premier acte, il montre en effet que s'il est, comme on l'assure, germanophile, il est aussi et avant tout, comme il le déclarait lui-même avec énergie dès le premier jour, turcophile.
Il nous plaît qu'il en soit ainsi."
"Les affaires d'Orient", Journal des débats politiques et littéraires, 16 janvier 1914, p. 2 :
"
En Turquie
LES NEGOCIATIONS TURCO-RUSSES
Les pourparlers turco-russes ont continué mardi entre le grand-vizir, Enver Pacha et l'ambassadeur de Russie. Les points principaux qui ont été examinés sont la mission militaire allemande, les réformes à introduire dans l'empire ottoman, l'admission d'un conseiller russe à la Dette publique ottomane, et diverses questions pendantes, telles qu'un appui éventuel de la Russie à la Turquie. Une dépêche Havas résume ainsi l'état actuel de la question :
Sur le premier point, Enver Pacha a déclaré que la mission militaire allemande n'a pour but que de donner à l'armée une instruction technique militaire ; le général Liman de Sanders ne sera qu'un simple inspecteur, recevant les ordres du ministre de la guerre ; il n'aura aucun commandement effectif ; à l'expiration d'un délai de cinq années, la mission retournera en Allemagne.
Sur le deuxième point, M. de Giers a déclaré qu'il se montrerait conciliant au sujet des réformes arméniennes, le rôle des inspecteurs étrangers sera déterminé d'après les desiderata de la Porte, mais les conseillers techniques étrangers auront le droit d'en référer aux puissances sur tous les différends qui pourraient s'élever.
Sur le troisième point, il a été convenu que la Russie aurait le droit d'être représentée au Conseil d'administration de la Dette ottomane par un délégué désigné par le gouvernement russe.
En ce qui concerne les questions actuellement pendantes, elles ont été rapidement résolues.
Enfin, la Russie a promis de prêter à la Turquie son appui diplomatique pour la réalisation d'un grand emprunt et dans la question des îles."
Karl Kautsky (dir.), Documents allemands relatifs à l'origine de la guerre, tome I, Paris, Alfred Costes, 1922, p. 169-172 :
"
N° 117
L'Ambassadeur à Constantinople au Ministère des Affaires Etrangères.
Télégramme 362.
Constantinople, 22 juillet 1914 (2-3).
Enver Pacha m'a dit que j'avais exposé au Grand Vizir que la Turquie, jusqu'à ce qu'elle eût terminé sa réorganisation militaire et administrative, ne devait contracter aucune alliance. En soi, ma théorie était parfaitement exacte. Mais dans la pratique surgissait pour la Turquie la difficulté qu'elle ne pouvait procéder tranquillement à des réformes intérieures consciencieuses que si elle était protégée contre les agressions du dehors. A cet effet, elle avait besoin de l'appui d'un des groupes des grandes puissances. Une minorité du Comité se prononçait pour une alliance avec la Russie et la France,
parce que cette alliance assurait la sécurité de la Turquie, vu que les Etats de la Triple Alliance étaient dans la Méditerranée les plus faibles. Par contre, la majorité du Comité, et, en tête, le Grand Vizir avec
Talaat Bey,
Halil [Bey Menteşe] et lui-même,
désiraient ne pas devenir vassaux de la Russie, et étaient convaincus que la Triple Alliance était militairement plus puissante que l'Entente et serait victorieuse dans une guerre générale. Il était en mesure de me déclarer que le Gouvernement turc actuel
désirait instamment se joindre à la
Triple Alliance et que ce n'était que s'il était repoussé par nous que, bien à contre-coeur, il se déciderait à conclure un pacte avec la Triple Entente. Le Cabinet se rendait très bien compte qu'actuellement la Turquie n'était pas un allié sérieux pour les grandes puissances.
Elle ne demandait donc que la protection du groupe de puissances en question pour une alliance qu'elle concluerait elle-même avec un petit Etat. En ce moment, il y avait pour la Turquie deux possibilités d'alliance avec des puissances secondaires : l'alliance avec la Grèce, qui serait une étape vers la Triple Entente, et l'alliance avec la Bulgarie qui la rattacherait à la Triple Alliance. Le Cabinet était disposé, en conséquence, à traiter avec la Bulgarie, sous la condition que
l'alliance serait patronnée par la Triple Alliance ou, tout au moins, par une puissance de la Triple Alliance. Avec la Bulgarie, un traité d'alliance
avait été déjà arrêté dans tous les détails. Ce traité n'avait pas été signé, parce que la Bulgarie
n'avait pu
s'y décider sans
le patronage de la Triple Alliance. Actuellement,
vu la tension austro-serbe, la situation était devenue critique. Le Grand Vizir négocierait avec Venizelos un traité d'alliance. Le rejet des propositions grecques lui serait facilité, si la Turquie et la Bulgarie avaient la perspective d'adhérer en bloc à l'alliance et d'entrer avec elle dans des rapports analogues aux anciens rapports de la Roumanie avec l'Autriche.
La Porte ne pouvait attendre l'explosion d'une guerre dans les Balkans. Les préparatifs communs devaient être arrêtés immédiatement.
Je répondis à Enver qu'il ne m'avait pas convaincu de la nécessité d'alliances pour la Turquie. La guérison économique de la Turquie serait mise en question par une alliance. La Russie et la France signeraient-elles les accords, si la Turquie se ralliait à la Triple Alliance ? Les inconvénients politiques étaient plus grands encore.
Comme membre de la Triple Alliance, la Turquie devrait compter avec l'hostilité ouverte de la Russie. La frontière est de la Turquie serait alors le point faible de la situation stratégique de la Triple Alliance et le point d'attaque naturel de la Russie. Les puissances de la Triple Alliance hésiteraient probablement à assumer des devoirs en échange desquels la Turquie
ne pourrait encore offrir un concours équivalent. Même la Turquie et la Bulgarie, réunies en un bloc, étaient à peine un allié sérieux pour la Triple Alliance. Il en serait autrement si la Roumanie adhérait au bloc ; mais pour le moment cette hypothèse avait peu de chances de se réaliser.
Enver Pacha m'écouta attentivement, et affirma de nouveau que si la Triple Alliance empêchait l'alliance bulgaro-turque, les amis de la Triple Entente dans le Comité reviendraient sur l'eau. L'état critique de l'opinion rend peu vraisemblable la conclusion d'une alliance à Bruxelles. La Turquie devrait chercher tout d'abord à déterminer la Bulgarie à une alliance même non sanctionnée par la Triple Alliance. Si la Bulgarie est attirée dans le conflit austro-serbe, il est presque sûr que la Turquie ne restera pas neutre, mais essaiera d'envahir la Grèce, en traversant la Thrace occidentale [annexée par la Bulgarie].
Wangenheim."
La Flèche, "Les coulisses politiques : De Pierre le Grand à Tchitcherine", La Dépêche (Toulouse), 14 août 1927, p. 2 :
"Sans doute, la Turquie, par peur de la convoitise russe, avait en secret partie liée avec l'Allemagne,
mais non pas au point de la suivre jusqu'au bout. Deux démarches le prouvent : celle que fit l'ambassadeur de Turquie à Londres avant la déclaration de guerre et celle d'Enver pacha auprès du général Léontiev, attaché militaire russe à Constantinople, aussitôt après la déclaration de guerre. Le premier avait assuré de la neutralité absolue de son pays, le second proposait son concours armé contre certains avantages.
M. de Guers, ambassadeur de Russie à Constantinople, insista vainement à plusieurs reprises auprès de M. Sazonow pour qu'il écartât point « de plano » la proposition d'Enver. Le ministre lui répondait toujours de temporiser. Il se démasqua, enfin, le 12 août.
« Nous n'avons pas peur de la Turquie, qu'elle craigne plutôt de perdre l'Asie Mineure. »
Mais, sur ces entrefaites, le « Gœben » et le « Breslau » s'étaient réfugiés à Constantinople. Les Détroits, c'est-à-dire la route la plus courte entre France et Russie, étaient fermés. La Russie allait être obligée bientôt de disperser en Asie des forces qui eussent été si utiles en Europe.
Voilà qui allait contribuer grandement à faire durer la guerre et à risquer de nous la faire perdre. M. Sazonow en conviendra-t-il, dans la suite de ses mémoires ?"
René Martel, "Nouveaux documents d'histoire russe", Le Monde slave, janvier 1936, p. 456-461 :
"Le 5 août [1914], Girs, ambassadeur de Russie à Constantinople, demande des instructions urgentes (tél. 628) :
« Sur mon ordre le général Leont'ev a rendu visite aujourd'hui à Enver pacha, qui lui a déclaré que la mobilisation turque n'est nullement dirigée contre la Russie. Si la chose peut répondre aux intérêts de la Russie, la Turquie est prête à la rassurer sur la frontière du Caucase, et à en retirer une partie des troupes des 9e et 11e corps.
Il a ajouté que la Turquie n'est actuellement liée à personne et qu'elle agira conformément à ses intérêts. Si la Russie voulait faire attention à l'armée turque et l'utiliser pour ses propres fins, il ne considère pas comme impossible cette combinaison. »
Pour étonnante que soit cette proposition, nous allons cependant la voir se préciser, prendre corps, dans une série de dépêches du plus grand intérêt.
Le même jour, le ministre de Bulgarie à Constantinople assure Girs de la neutralité de son pays. (Tél. n° 631.)
Le 6 août, l'ambassadeur de Turquie à Londres donne à son tour les plus apaisantes assurances sur les déterminations de son pays (tél. n° 260), tandis que Grey demande à son ambassadeur à Pétersbourg d'obtenir de la Turquie qu'elle laisse franchir les Détroits aux navires de commerce en vue de permettre à l'exportation russe d'utiliser les ports de la mer Noire.
A la même date, le général Leont'ev, attaché militaire russe en Turquie, précise que la coopération de l'armée turque pourrait servir « à neutraliser l'action des Etats des Balkans hostiles à la Russie ou à agir avec ces Etats contre l'Autriche ». Mais il convient de faire vite, car « les Allemands et les Autrichiens travaillent avec persévérance à brouiller toutes les cartes, et, après avoir rapproché la Bulgarie de la Turquie, à les lancer ensuite contre leurs ennemis ». (Tél. n° 270.)
Le 8 août Sazonov, prévoyant l'arrivée à Constantinople du
Gœben et du
Breslau, envoie des instructions à Girs. Il faut empêcher ces navires de rester dans les Détroits ou au moins les désarmer. Leur entrée dans la flotte turque pourrait avoir les plus sérieuses conséquences, car elle romprait l'équilibre des forces navales dans la mer Noire. Cependant, tout en réclamant l'éloignement ou le désarmement des navires, il faut se garder d'aller jusqu'à la rupture. Si enfin les bâtiments demeuraient sous pavillon allemand, les Alliés se verraient contraints de prendre « certaines mesures de prudence ». (Tél. n° 1746.)
Le même jour, Sazonov répond aux propositions de Girs en lui signalant l'activité déployée par les Turcs dans leurs préparatifs militaires sous la direction de la mission militaire allemande « qui laisse peu de doutes sur le désir des Turcs, inspirés par l'Allemagne, de profiter des circonstances ». Il est donc recommandé à l'ambassadeur de Russie de prévenir la Porte que tout acte d'hostilité dirigé contre l'une des puissances de l'Entente serait considéré par les autres comme si elles étaient elles-mêmes visées. (Tél. n° 1747.)
Le 9 août, Sazonov, envisageant l'hypothèse d'un passage du
Gœben, sous pavillon allemand, dans la mer Noire, prévient Girs que l'amiral Eberhard a reçu l'ordre de le couler « fût-ce dans les eaux territoriales turques ».
Toutefois l'amiral a été prié de s'abstenir, autant que possible, sauf en cas d'absolue nécessité, de mesures dirigées contre la Turquie, « la guerre avec cette puissance n'étant pas actuellement de saison ». (Tél. n° 1748.)
Le ministre des affaires étrangères russe n'est donc pas d'accord avec son représentant à Constantinople. Tandis que l'ambassadeur s'efforce de trouver avec la Turquie un terrain d'entente pour l'amener à intervenir aux côtés des Alliés, Sazonov tient un tout autre langage : il pensait, très certainement, à un des buts essentiels de guerre poursuivis par la Russie, l'occupation de Constantinople et des Détroits, objectif difficile à atteindre si la Turquie entrait dans la constellation de l'Entente.
Girs, toutefois, ne s'avoue pas battu. Le 9 août, il envoie à son ministre, sous le n° 650, un télégramme d'une très grande importance : le général Leont'ev a revu Enver pacha.
« Le ministre de la guerre a déclaré qu'il maintient son point de vue précédent, c'est-à-dire qu'il est pour l'alliance avec la Russie. Il n'a pas caché qu'il pouvait rencontrer une forte opposition dans les milieux dirigeants, mais il espère la vaincre, d'autant plus que l'armée est entre ses mains. Malgré l'opinion régnante, la Turquie n'a pas encore partie liée avec la Triplice. Il sait que le gouvernement est l'objet d'une forte pression de la part des ambassadeurs d'Allemagne et d'Autriche. Ces derniers jours les Bulgares ont commencé, eux aussi, à formuler leurs propositions, mais il est persuadé qu'une fois la question posée sous une forme concrète, les intérêts nationaux des Turcs l'emporteront. »
Enver pacha envisage de retirer ses troupes de la frontière du Caucase pour donner tous apaisements à la Russie
et de concentrer, en même temps, des forces en Thrace pour agir, le cas échéant, contre la Bulgarie ou contre l'Autriche. Il promet de licencier, le jour de l'accord, tous les officiers allemands en service dans l'armée turque. Quant aux conditions de la Turquie, elles comprennent :
« Le retour à la Turquie de la Thrace occidentale et des îles de l'Egée, et la conclusion, avec la Russie, d'un traité défensif de 5 à 10 ans pour que la Turquie puisse être garantie contre la vengeance de ses voisins de la péninsule balkanique. »
Il convient d'agir vite, car
« le général Leont'ev a emporté la conviction que la chose peut être faite si seulement la décision est prise immédiatement. Toute la puissance est entre les mains d'Enver, d'autant plus qu'il vient d'être nommé généralissime. »
Le jour même, Girs (tél. n° 652) réclame une décision immédiate en des termes particulièrement émouvants.
Le 10 août, Sazonov répond à ces instances « de gagner du temps avec Enver tant qu'on n'aura pas reçu de réponse de Sofia ». (Tél. n° 1779.)
A la même date, l'ambassadeur de Russie à Londres informe son gouvernement que les Anglais ont décidé de demander l'éloignement ou le désarmement immédiat des navires ennemis qui pourraient entrer dans les Détroits (tél. n° 283).
Il annonce, également, dans une autre dépêche (tél. n° 285) que, selon des renseignements de source française, si la Turquie se décide à intervenir, ce sera contre la Grèce et peut-être contre la Serbie. On aura peur alors, à Constantinople, de la Russie : aussi une attaque dirigée contre le Caucase est-elle peu vraisemblable.
Le même jour, Girs renouvelle ses propositions en ajoutant que l'occasion est exceptionnellement favorable et que la négliger équivaut à jeter la Turquie dans les bras de l'Allemagne. Il ajoute que le grand vizir l'a informé qu'il était d'accord avec les projets d'Enver. (Tél. n° 658.)
Le 11 août,
Izvol'skij [ambassadeur russe à Paris], très exactement informé du véritable aspect du problème, envoie cette dépêche (tél. n° 265) :
« Dans une conversation avec moi, Doumergue a confirmé les vues exprimées par [Henri] Ponsot au conseiller de l'ambassade, c'est-à-dire : la Turquie craint que nous ne mettions à profit les circonstances et une victoire possible sur l'Autriche et l'Allemagne pour nous emparer de Constantinople et des Détroits. Il serait très désirable que nous la tranquillisions sur ce point en lui proposant, par exemple, de lui garantir l'intégrité de ses possessions. Doumergue est d'avis que cela ne nous empêcherait pas, lors de la liquidation de la guerre, de résoudre conformément à nos vœux la question des Détroits. »
Le même jour, Girs, à Constantinople, sent le terrain lui manquer : il annonce (tél. n° 660) que l'accord germano-turc n'est pas encore conclu, mais qu'il peut être signé de minute en minute. Il est et demeure convaincu que la situation ne peut être sauvée que par une décision rapide de la Russie.
Le 12 août, Sazonov l'informe que le ministre de Turquie lui a fait parvenir, par voie indirecte, des propositions analogues à celles qui ont été faites à Constantinople. (Tél. n° 1855.)
Il faut remarquer, toutefois, que la Turquie ne parle plus d'acquisitions territoriales, mais se contente de demander le maintien de l'état de choses existant : il lui suffirait qu'on lui accorde les concessions allemandes d'Asie mineure et que les Russes s'engagent à ne plus soutenir le mouvement national arménien. Ces précisions n'ont cependant aucun caractère officiel, et Sazonov insiste sur ce point essentiel.
Le même jour l'ambassadeur de Russie à Londres annonce, de source anglaise, l'achat, par le gouvernement turc, du
Gœben et du
Breslau. Les équipages allemands seraient aussitôt débarqués.
Si ces informations étaient confirmées, Grey verrait sans ennui ces navires aux mains des Turcs, car ils seraient moins dangereux qu'utilisés par les Allemands. Il ne croit pas à un danger du côté turc et envisagerait plutôt une amélioration de la situation. (Tél. n° 303.)
Girs, lui, juge sans optimisme, l'achat des croiseurs allemands, (tél. n° 674)
tout en continuant à souhaiter un accord qui donnerait à l'Entente non seulement le concours de la Turquie, mais celui de la Bulgarie.
Izvol'skij (tél. n° 277), d'accord avec le chef d'état-major général français, estime inutile toute protestation contre l'achat par la Turquie des croiseurs allemands et se borne à souhaiter que leurs équipages soient rapatriés.
Le 13 août, Girs constate que les Turcs sont obligés maintenant d'élever des exigences territoriales, en particulier sur les îles de l'Egée et la Thrace occidentale, particulièrement chère à Enver pacha. La Bulgarie pourrait se consoler de cette concession comme la Grèce de la perte des îles. On croit que le traité avec la Bulgarie peut être très rapidement signé par les Turcs qui auraient déjà accepté une convention avec les puissances centrales, bien qu'il subsiste encore un faible espoir d'empêcher ce résultat. (Tél. n° 690.)
Ce télégramme est accompagné d'un long rapport, bien tardif il est vrai, de l'attaché militaire russe Leont'ev, qui relate, dans le détail, toutes ses conversations avec Enver pacha, dont nous avons vu, au jour le jour, un résumé dans les dépêches de Girs. C'est un développement, sans précisions nouvelles ni bien intéressantes, des idées chères à l'ambassade russe de Constantinople.
A la date que porte le rapport, Leont'ev, qui était un partisan enthousiaste d'une alliance avec la Turquie, ne veut pas admettre, malgré l'arrivée des croiseurs allemands, que la Turquie ait passé des accords avec l'Allemagne et la Bulgarie et croit pouvoir rétablir encore la situation.
L'ambassadeur de Russie à Londres signale, le 14 août, d'après les renseignements britanniques, que la Turquie ne veut pas se départir de sa neutralité et ne nourrit pas d'intentions agressives contre la Russie. De son côté, le gouvernement anglais recommande la prudence car il ne souhaite pas entrer en conflit avec la Turquie. (Tél. n° 318 bis.)
A la même date, Girs montre combien il se préoccupe du sort des équipages allemands.
Les Turcs seraient décidés à les renvoyer en Allemagne. Girs s'est résolu à offrir au grand vizir de garantir l'intégrité du territoire turc sous une forme qu'il serait facile de préciser au cours de négociations futures. Mais cette conversation importante n'avait pas de caractère officiel. (Tél. n° 695.)"
"La Campagne Turque", L'Indépendant du Cher, 31 janvier 1915 :"
Situation critique de la TurquiePetrograd. — Selon des informations d'Athènes, on assure que la Turquie a fait demander à Berlin et à Vienne d'activer l'entrée des troupes allemandes et autrichiennes en Serbie et leur marche sur la frontière bulgare : autrement la situation de la Turquie deviendrait critique.
On mande par ailleurs que le mécontentement contre les Allemands grandit à Constantinople. De nombreux télégrammes confirment le fait.
Ce mécontentement gagne les milieux gouvernementaux. On dit qu'Enver pacha deviendrait partisan de la paix. Il aurait sondé le terrain à ce sujet par un intermédiaire italien. Ses nombreuses conférences avec l'ambassadeur italien sont, en tout cas, très remarquées."
*** (François Charles-Roux), "Les étapes de l'idée de paix pendant la guerre. — II. 1915-1916", Revue des Deux Mondes, 15 avril 1930, p. 892-894 :
"Ce besoin de paix, auquel le chancelier allemand [Bethmann-Hollweg] vient de faire une minime concession,
pousse alors une pointe dans le gouvernement d'un des alliés orientaux de l'Allemagne à Constantinople.
Entrée en guerre en octobre 1914, la Turquie voit s'achever une première année d'hostilités, qui ont mis ses forces à rude épreuve dans le Caucase, aux Dardanelles, en Mésopotamie.
Elle s'en est tirée à son honneur et a échappé à des dangers dont la menace l'a plusieurs fois légitimement inquiétée. Maintenant, elle est à la veille d'entreprendre contre le canal de Suez et l'Egypte une offensive, dont les préparatifs se poursuivent en Syrie et dont l'issue inspire quelque perplexité à ses gouvernants.
La situation intérieure n'est pas exempte de difficultés pour le parti au pouvoir. La coopération avec l'Allemagne a fait naître dans les cercles officiels une défiance croissante envers elle. « On veut bien des armes et des munitions de l'Allemagne, écrit l'ambassadeur d'Autriche-Hongrie, on ne veut pas de ses troupes. » Le même observateur, Pallavicini, attribue à Enver Pacha et à ses principaux acolytes, le raisonnement suivant : « Si l'Entente est victorieuse, c'en est fini des Jeunes-Turcs ; si les Empires centraux remportent une pleine victoire, c'est l'influence allemande toute-puissante à Constantinople, et alors c'est également la fin du pouvoir des Jeunes-Turcs. » Dans ces conditions, ce qui correspond le mieux à leurs intérêts, c'est évidemment une paix conclue avant qu'un des deux camps en présence ait triomphé de l'autre.
A la fin d'octobre 1915, Enver insinue à l'ambassadeur des Etats-Unis, M. Henry Morgenthau, que le moment de l'intervention américaine est arrivé. Il prêche un convaincu. Voilà déjà dix mois que M. Morgenthau est de cet avis, qu'il s'en est ouvert à Washington et en a avisé ses collègues d'Allemagne et d'Autriche-Hongrie. Dès janvier 1915, il a, nous l'avons vu, pensé et dit qu'il appartenait au président Wilson de « dicter » la paix. Dix mois plus tard, Enver n'a pas de peine à le persuader de reprendre son projet.
Comme la première fois, M. Morgenthau commence par tâter le terrain auprès des ambassades alliées de la Turquie et s'enquiert auprès d'elles si leurs pays sont disposés à la paix. Pallavicini lui répond que « les Puissances centrales sont, à tout moment, prêtes à conclure une paix qui leur procure toutes les garanties d'être protégées à l'avenir d'une agression contre leur existence, comme celle qu'elles ont subie et qui a engendré la guerre actuelle ». L'ambassadeur des Etats-Unis ne perd pas son temps à discuter avec l'Autrichien des responsabilités de la guerre et des garanties auxquelles les Empires centraux ont droit, en tant que victimes d'une agression.
Il ne s'arrête pas davantage au fait qu'Enver, en l'incitant à reprendre son ancien projet, a agi sans concert avec Berlin ni Vienne. Il se montre réservé avec le chargé d'affaires d'Allemagne, le baron de Neurath, parce qu'il a des raisons de penser que l'intervention américaine n'est pas désirée à Berlin. Mais il persévère dans son projet, qui consiste à obtenir de l'Allemagne et de l'Angleterre qu'elles confient simultanément leurs conditions de paix au président des Etats-Unis. En janvier 1916, il avertit son collègue austro-hongrois qu'il a écrit à Wilson, afin d'être autorisé à se rendre à Berlin, Vienne et Londres, pour faire lui-même l'expérience de sa méthode.
Sa méthode, si tant est que Pallavicini l'ait bien comprise, est vouée d'avance à l'insuccès. Car Neurath a déjà appris de Berlin que, ni à la Wilhelmstrasse, ni au G. Q. G., on ne veut d'intervention américaine.
En Allemagne, assure-t-il, tout le monde souhaite la paix, mais on ne désire pas que la Turquie joue un rôle dans l'initiative d'où sortiraient des négociations ; pas davantage, que les Etats-Unis exercent un arbitrage. Si l'Angleterre a envie de causer directement avec Berlin, il ne manque pas de voies pour le faire savoir ; le Danemark, par exemple, est indiqué pour cet office. Mais l'office doit se borner à cela.
Soit que le président Wilson se doute des dispositions de l'Allemagne, soit qu'il préfère un autre intermédiaire que son ambassadeur à Constantinople, il n'accueille d'ailleurs pas la suggestion de M. Morgenthau, qu'il appelle à Washington, sous prétexte d'en causer avec lui. Le point final est mis par là, dans les derniers jours de janvier 1916, aux velléités de médiation du diplomate américain."
Michael A. Reynolds, Shattering Empires : The Clash and Collapse of the Ottoman and Russian Empires 1908-1918, New York, Cambridge University Press, 2011, p. 249-250 :
"Lorsque, le 2 octobre [1918], Enver a appris la décision de l'Allemagne de se
rapprocher des Etats-Unis pour arranger un règlement de paix et mettre
fin à la guerre, il a câblé à Nuri, en lui disant : "nous avons perdu la
partie".
"Dans notre état", a-t-il poursuivi, "garantir
l'indépendance de l'Azerbaïdjan est extrêmement important." A cette fin,
il a convaincu Nuri [son frère] et Halil Pacha [son oncle] que les Azéris devaient s'entendre avec les Arméniens
et traiter directement avec les Américains et les Britanniques. Il a
prédit qu'un règlement de paix serait bientôt mis au point et reposerait
sur le principe de l'autodétermination ethnique. Il a ordonné que
la 5e division, désormais déployée dans le Haut-Karabakh, soit placée en
dernier dans l'ordre du retrait dans l'espoir que la paix serait
conclue avant qu'elle ne puisse être déplacée, permettant ainsi au
personnel ottoman de continuer à entraîner l'armée azérie. Il a
instamment demandé que certains membres du personnel se portent
volontaires pour acquérir la citoyenneté locale afin qu'ils puissent
rester légalement et ainsi poursuivre leur mission de formation, et a
ordonné que davantage d'armes soient envoyées pour les Azéris et les
Caucasiens du Nord, tant que cela était encore possible. Reconnaissant
que le développement de l'Azerbaïdjan nécessitait plus qu'une armée
puissante, il a demandé à Halil d'y envoyer également des experts
juridiques, éducatifs et autres.
Face à une défaite inévitable, Talât en a conclu que lui et son cabinet devaient démissionner. Après tout, la guerre avait été leur projet. Malgré les objections du ministre de la Justice Halil (Menteşe), du ministre de l'Education Nâzım Bey et d'Enver, qui souhaitaient tous voir d'abord les conditions que l'Entente pouvait offrir, Talât prit la décision de démissionner le 8 octobre.
Malgré cela, l'esprit d'Enver continua de tourner à la recherche d'un moyen de maintenir l'indépendance du Caucase. Le lendemain, il a écrit au représentant ottoman en Suisse, l'Egyptien Fuad Selim, pour lui dire d'envisager la possibilité pour l'Azerbaïdjan et le Caucase du Nord de conclure un accord avec les Britanniques, peut-être en échangeant l'accès aux ressources naturelles contre une garantie d'indépendance. Enver a même flirté avec l'idée de s'installer en Azerbaïdjan et de poursuivre la guerre. Il avait élaboré des plans d'urgence pour la mise en place d'un mouvement de résistance en Anatolie orientale et en Transcaucasie contre l'Entente si la guerre devait mal tourner."
Salahi R. Sonyel, "Mustafa Kemal and Enver in Conflict, 1919-22", Middle Eastern Studies, volume 25, n° 4, octobre 1989, p. 507 :
"Simultanément, Enver intriguait avec
les Britanniques. Dans la nuit du 24 février 1920, il eut un entretien avec le major Ivor Hedley de la mission militaire britannique à Berlin, à qui il révéla qu'il se rendait à Moscou pour travailler avec le gouvernement soviétique, simplement et uniquement pour susciter
une insurrection contre la Grande-Bretagne à travers ses possessions musulmanes. Cependant, il avait décidé de retarder son départ de quelques jours, car il était extrêmement désireux de travailler avec la Grande-Bretagne plutôt qu'avec
la Russie bolchevique. Il voulait que l'indépendance égyptienne soit étendue au Soudan et qu'un traité anglo-égyptien soit conclu ; l'autodétermination devait être accordée dans toute l'Arabie, ainsi que le règlement des questions d'Izmir et de la Thrace en faveur de la Turquie. Si la Grande-Bretagne s'entendait avec lui, il resterait à Berlin jusqu'à ce que tout soit finalement réglé. Il romprait définitivement les négociations avec Moscou, puis se rendrait en Orient où sa présence serait essentielle si les sentiments envers la Grande-Bretagne devaient être entièrement modifiés.
Au British Foreign Office, W. S. Edmonds a trouvé les ambitions d'Enver "incompatibles avec la domination britannique en Egypte et en Inde". "Même si nous étions prêts à accepter de traiter avec un homme que nous considérons
comme un criminel", a-t-il commenté, "cela ne nous rapporterait rien. Le CUP et les bolchevistes travailleront ensemble, quoi qu'en dise Enver,
et si nous concluions des accords avec Enver, nous ne ferions que lui donner plus de prestige à utiliser contre nous."
Enver avait exprimé la même idée dans une lettre à Cemal Pacha, datée du 26 février 1920, sous son nom d'emprunt d'"Ali". Il espérait, a-t-il dit, œuvrer "pour le salut du monde turc et musulman". Mais, lorsque les Britanniques l'ont repoussé sans ménagement, il s'est rendu à Moscou au printemps ou au début de l'été 1920 après un certain nombre de tentatives aventureuses pour s'y rendre par avion. Malgré le fait qu'il n'ait pas été bien accueilli
au congrès de Bakou tenu en septembre-octobre 1920, les dirigeants bolcheviks n'étaient que trop heureux d'utiliser pleinement son "image islamique" contre les "impérialistes occidentaux"."
Voir également : C'était Enver Paşa (Enver Pacha) : l'homme par-delà les légendes noires
Enver Paşa (Enver Pacha) dans les souvenirs de Hüseyin Cahit Yalçın
L'autonomie d'Enver et Cemal par rapport au Comité Union et Progrès
Interview d'Enver Paşa (Enver Pacha) à La Stampa (1914)
Sauver
l'Empire ottoman : les négociations multilatérales des Jeunes-Turcs, en
vue du maintien de la neutralité ou d'une alliance défensive
Les raisons de l'intervention ottomane dans la Première Guerre mondiale
Le pape Benoît XV et l'Empire ottoman
Enver Paşa (Enver Pacha) et la captivité du général Charles Townshend
Enver Paşa (Enver Pacha) et les Arméniens
Le général Vehip Paşa (Vehib Pacha) et les Arméniens
Les relations turco-arméniennes dans le contexte de la nouvelle donne du bolchevisme
La première République d'Azerbaïdjan et la question arménienne
La rivalité germano-ottomane dans le Caucase (1918)
Lutter jusqu'au bout : les exilés jeunes-turcs et la résistance kémaliste
Le triangle Vahdettin-Kemal-Enver dans le contexte du conflit entre l'Entente et la Russie bolcheviste
L'hypothèse d'une collusion Enver-Cemal contre la Russie bolcheviste
Enver Paşa (Enver Pacha) : la fin d'un héros national