Viktor Orbán, discours lors du sixième sommet du Conseil turcique, Tcholpon-Ata, 3 septembre 2018 :
"Tout d'abord, permettez-moi de vous remercier de votre invitation à participer à ce sommet. C'est un grand honneur pour nous de pouvoir coopérer avec vous et nous remercions nos amis kirghizes de leur hospitalité fraternelle. Comme vous le savez, nous vivons en Hongrie, nous sommes hongrois et nous parlons hongrois. C'est une langue unique et étrange, qui est liée aux langues turciques. Nous avons toujours suivi de près la coopération entre les pays d'identité turcique. Parmi vous, nous sommes le peuple qui est allé le plus à l'Ouest et qui s'est converti au christianisme. Nous sommes donc un peuple chrétien vivant en Occident, qui s'appuie sur des fondations d'origine hunno-turcique ; les Hongrois se voient comme les derniers descendants d'Attila. (...)
La Hongrie, conjointement avec la Turquie, est membre de l'OTAN ; et la Hongrie est également membre de l'Union européenne. Je peux vous assurer que le fait d'être à la fois membre de l'Union européenne et un pays de l'Orient est une expérience unique. Le gouvernement hongrois est résolu à faire en sorte que, dans le monde moderne et globalisé, sa langue, son caractère, sa culture, ses origines et ses traditions soient préservés. Nous pensons également qu'au XXIe siècle, les seuls Etats qui peuvent être forts sont ceux qui sont fiers de leurs identités nationales et capables de les préserver. L'éducation occidentale d'aujourd'hui ne reconnaît pas cette vérité, mais nous insistons pour préserver notre identité nationale hongroise. (...)
La Hongrie respecte et prend soin de ses racines turciques. Chaque année, notre pays accueille le plus grand événement de traditions anciennes en Europe : le Kurultáj, ou assemblée tribale des nations hunno-turciques. Cette année, vingt-six nations étaient représentées (dont les Turcs, les Kazakhs, les Ouzbeks, les Kirghizes, les Turkmènes et les Azéris). (...)
Il est désormais clair que l'ordre mondial ancien s'est effondré, dont le dogme voulait que l'argent et le savoir viennent de l'Occident riche et puissant pour ruisseler vers les pauvres pays de l'Orient. (...)
En 2010, je suis revenu au gouvernement après huit ans dans l'opposition. En 2010, nous avons décidé de nous tourner dans votre direction. Nous avons construit notre politique étrangère à votre égard sur les fondements du respect mutuel : nous respectons l'histoire et les traditions de nos partenaires, ainsi que les spécificités et les réalités issues des cultures anciennes. Je tiens donc à vous assurer que ce respect oriente également notre coopération avec les pays du Conseil turcique. Depuis 2014, la Hongrie jouit du statut d'observateur auprès de l'Assemblée parlementaire des Etats turcophones et, en 2017, nous avons soumis une demande d'adhésion à l'Académie turcique internationale. J'ai l'honneur de vous demander aujourd'hui de permettre à la Hongrie de coopérer encore plus étroitement avec le Conseil de coopération des Etats turcophones. Je tiens également à vous informer que les Etats membres du Conseil turcique jouent un rôle de plus en plus important dans les aspirations de la Hongrie en matière de politique étrangère : depuis des années, nos relations avec la Turquie, l'Azerbaïdjan et le Kazakhstan se situent au niveau du partenariat stratégique. Notre objectif est également de nous engager sur cette voie en ce qui concerne le Kirghizistan et l'Ouzbékistan. (...)
La Hongrie se tient désormais prête pour l'ouverture d'un nouveau chapitre dans la coopération hungaro-turcique. Nous vous sommes reconnaissants, la délégation hongroise vous est reconnaissante, et je vous suis aussi personnellement reconnaissant, de nous avoir donné la possibilité d'être ici parmi vous."
Viktor Orbán, discours lors du septième sommet du Conseil turcique, Bakou, 15 octobre 2019 :
"Permettez-moi d'exprimer mes remerciements et ma gratitude au président Ilham Aliev pour l'organisation de ce sommet. Je viens souvent à Bakou et je voudrais vous féliciter pour le développement fantastique que je constate à chacune de mes visites. Je fais écho aux orateurs précédents pour féliciter le président Sooronbay Jeenbekov pour la présidence de son pays au cours de l'année passée. Je vous suis reconnaissant, Votre Excellence, de l'invitation à nous rendre dans votre merveilleux pays et de l'occasion qui nous est offerte d'être avec vous. Je tiens également à féliciter le président Nazarbayev, un grand ami des Kipchaks, pour sa haute distinction. Tout le monde ici ne sait pas qu'il existe des Kipchaks en Hongrie, que de nombreux Hongrois ont du sang kipchak et qu'ils possèdent leur propre autonomie. Le président Nazarbayev est également le président des tribus kipchakes hongroises. Nous lui envoyons un message chaque année lors de la réunion annuelle des Kipchaks en Hongrie. Votre Excellence, félicitations pour votre haute distinction. (...)
C'est au Kirghizistan, il y a un an, que j'ai eu l'occasion d'assister à cette réunion, mais nous sommes membres de l'Assemblée parlementaire du Conseil turcique depuis cinq ans et nous participons également en tant qu'observateur. Nous avons rejoint le Conseil turcique en tant qu'observateur afin de pouvoir apporter quelque chose, plutôt que d'être simplement un bénéficiaire. Ce que nous, Hongrois, pouvons offrir à ce Conseil, c'est un lien avec l'Europe et l'Union européenne. C'est pourquoi, au cours des derniers mois, nous avons établi une représentation européenne du Conseil turcique, que nous avons inauguré à Budapest avec vos ministres des Affaires étrangères. Il s'agit d'une représentation permanente, mais elle fournit également une plate-forme pour les forums d'affaires et les manifestations culturelles. Nous sommes impatients de recevoir vos délégués le plus rapidement possible. (...)
Il y a une grande distance géographique entre nous et, par conséquent, les relations entre nos citoyens sont extrêmement importantes. Je pense que nous serons en mesure de fournir un total de 725 bourses d'Etat hongroises : 250 bourses pour des étudiants kazakhs ; 200 bourses pour des étudiants azéris ; 150 bourses pour des étudiants turcs ; 75 bourses pour des étudiants ouzbeks ; et 30 pour des étudiants kirghizes. Nous sommes prêts, Mesdames et Messieurs, à augmenter encore ces chiffres.
Permettez-moi de dire quelques mots sur ce qui se passe dans l'Union européenne aujourd'hui. Actuellement, les nouveaux organes de l'Union européenne sont en cours de constitution : le Parlement a été élu récemment et la Commission est en cours de constitution. Chaque Etat membre délègue un membre à la Commission, qui se voit attribuer un portefeuille. C'est un organisme important. La Hongrie se bat actuellement pour que le gouvernement européen donne aux Hongrois le portefeuille de la politique d'élargissement et de voisinage. Nos chances ne sont pas mauvaises, mais c'est une bataille féroce. Si nous parvenons à obtenir ce portefeuille, nous aurons une coopération étroite avec l'Azerbaïdjan sur la question du partenariat oriental et avec la Turquie sur la question des négociations d'adhésion. Si nous parvenons à sécuriser ce portefeuille, nous serons heureux de vous aider à poursuivre vos efforts."
Voir également : Magyars et Turcs
Attila, roi des Huns
La Société touranienne et les relations hungaro-turques
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