"Dans la IIe Internationale", La France libre (journal socialiste), 28 novembre 1920 :"
L'Arménie menacée
Un appel du Bureau InternationalNous recevons de notre ami Huysmans, secrétaire de la IIe Internationale, la communication suivante :Bruxelles, 25 novembre 1920.
Cher Citoyen,
Par l'intermédiaire de l'Ambassade d'Italie à Bruxelles, nous venons de recevoir le télégramme suivant daté de Tiflis :
« Camille Huysmans, membre de la Délégation socialiste, Maison du Peuple, Bruxelles.
« Depuis le 27 septembre, des forces kémalistes considérables ont attaqué la République arménienne par surprise dans la direction d'Olti, Karacourte, Karourgnau et Bardous. Sous la pression de forces ennemies supérieures et après des luttes sanglantes, les troupes arméniennes ont été obligées d'évacuer les villes de Kaghisman, Sarikamisch, Mardenek. L'ennemi se trouve à 14 kilomètres de Kars et tente une attaque de flanc sur Alexandropol. Cette offensive menace
de destruction les populations arméniennes du pays. Il nous paraît d'urgente nécessité que le peuple arménien soit soutenu efficacement dans sa lutte contre
une agression aussi perfide que brutale et
qu'il n'a pas provoquée. Nous sommes persuadés que la Délégation internationale, qui a pu se rendre compte ici de
la situation arménienne, partagera notre manière de voir et nous la prions de ne ménager aucun effort pour assurer au peuple arménien l'appui des organisations socialistes d'Europe.
«
Signé : de Brouckère,
Kautsky [qui avait affirmé que les Juifs de Galicie et de Russie formaient une "caste"]. »
Depuis que le télégramme a été lancé, Kars aussi bien qu'Alexandropol sont tombées entre les mains des kémalistes qui, d'après les nouvelles répandues dans les journaux, se sont avancés rapidement dans la direction d'Erivan, la capitale arménienne. Cette situation demande qu'on agisse avec plus d'urgence encore pour sauver
la République arménienne. Comme vous le savez, la Ligue des Nations, réunie à Genève, a jugé nécessaire de se prononcer en faveur d'une intervention au sujet de l'Arménie. Il appartient aux Partis socialistes et à la classe ouvrière d'empêcher que cette décision ne reste lettre morte ou ne soit utilisée pour servir des intérêts égoïstes.
Nous vous prions de bien vouloir vous occuper immédiatement de cette question et de faire ce qui est nécessaire pour en informer la presse.
Fraternellement,
Camille Huysmans.
Le Parti Socialiste Français inscrit donc cette question à l'ordre du jour de la prochaine réunion du Comité central."
"La réunion de l'Exécutif de l'I. O. S.", Le Populaire (journal de la SFIO), 2 mars 1924 :
"Voici le texte de la motion de
Varandian, délégué d'Arménie, votée à l'unanimité par l'Exécutif de l'Internationale O. S.
[Internationale ouvrière socialiste], le 17 février 1924 :
Considérant :
Que les puissances de l'Entente, au mépris de leurs engagements formels, ont, par le traité de Lausanne,
livré l'Arménie aux Turcs kémalistes ; (...)
Que prochainement des débats auront lieu aux Parlements de Grande-Bretagne, de France et d'Italie au sujet de la ratification du traité de Lausanne ;
L'Exécutif de l'I. O. S., se référant à la résolution du congrès de Hambourg, recommande aux fractions parlementaires socialistes des trois pays de demander, lors des débats sur le traité de Lausanne, la réalisation du
Foyer national arménien dans l'Arménie turque, Foyer dont l'impérieuse nécessité a été proclamée par la Ligue des Nations et par les puissances elles-mêmes."
"Troisième journée : La Politique de Paix", Le Populaire, 31 août 1925 :
"
La politique de paix du Socialisme
Rapport de Léon Blum [marxiste orthodoxe, partisan déclaré de la dictature du prolétariat (et du colonialisme), opposé à toute participation de la SFIO à des gouvernements "bourgeois" radicaux, d'où l'exclusion des réformateurs néo-socialistes]
Léon Blum rapporte sur la politique de paix du socialisme. (...)
Léon Blum rappelle que le traité de Sèvres a été révisé par une guerre. Il ne faut pas que cet exemple soit suivi. Il faut que les Etats comprennent que ces traités qu'ils considèrent comme leur patrimoine intéressent toute la collectivité internationale.
Notre ami parla, après cela, du mandat colonial. Il n'y a plus de puissances, dit-il, qui puissent revendiquer la civilisation à leur titre exclusif. Il défend la thèse de la répartition internationale des matières premières."
Joseph Diner-Dénes, "La marche fasciste sur Vienne : Les Heimwehren sont soutenues par les fascistes bavarois et italiens", Le Populaire, 3 octobre 1928 :
"L'
Anschluss, c'est-à-dire le rattachement de l'Autriche à une Allemagne démocratique trouve en M. Mussolini un adversaire. Mais l'
Anschluss de l'Autriche fascistisée à la Bavière fasciste, est favorisée par lui. Abstraction faite de l'espoir qu'une Grande-Bavière fasciste pourrait plus facilement entraîner toute l'Allemagne au fascisme, l'Italie et ses alliés : la Grande-Bavière, la Hongrie agrandie, la Bulgarie, la Turquie et peut-être aussi la Roumanie, formeraient un bloc fasciste si formidable que ni la France et ses alliés, ni même une entente franco-anglaise ne pourraient lui résister."
"Le dictateur aux champs", Le Populaire, 23 août 1930 :
"Décidément les dictateurs ont une prédilection pour les travaux des champs. Souvent, les journaux nous ont montré Mussolini parcourant les champs de blé. Aujourd'hui, voici Mustapha Kemal pacha, dictateur de métier et conducteur de tracteur agricole à ses heures."
"A Zurich : Les travaux du Comité exécutif de l'Internationale Ouvrière Socialiste", Le Populaire, 31 août 1930 :
"
La révolte des Kurdes
Sur la base d'un rapport écrit
du parti arménien affilié à l'I.O.S. et après avoir entendu les explications orales d'Isahakian (Arménie), l'Exécutif adopta une résolution sur la question kurde protestant contre
l'extermination des Kurdes par les Turcs, mais aussi contre le silence indifférent des gouvernements capitalistes en face de ces crimes."
"Contre les massacres au Kurdistan", Le Populaire, 3 septembre 1930 :
"L'Exécutif de l'I.O.S attire l'attention du monde sur les massacres au moyen desquels le gouvernement turc cherche non seulement à réduire
les Kurdes, luttant pour leur liberté, mais aussi à exterminer
la paisible population kurde qui ne participe pas à l'insurrection et par lesquels il cherche à infliger au peuple kurde
le sort des Arméniens, sans que l'opinion publique des nations capitalistes proteste contre cette sanglante barbarie.
L'Exécutif attire en outre l'attention sur les dangers sérieux qui pourraient résulter pour la paix de la violation
du territoire perse par les troupes turques. C'est une preuve de l'insuffisance scandaleuse de l'organisation internationale du monde que des forces militaires puissent pénétrer sur le territoire d'un faible état voisin sans que l'organisation de l'humanité ne le protège.
En rendant attentif aux dangers qui peuvent résulter des événements du Kurdistan, l'Exécutif invite l'opinion publique du monde à protester aussi bien contre les violences commises par l'oligarchie turque que contre le silence indifférent des gouvernements capitalistes en face des crimes sanglants dont le peuple kurde est victime."
Léon Blum, "Les problèmes de la Paix : La gêne et le mutisme de nos nationalistes", Le Populaire, 20 novembre 1930 :
"Dans le discours de Franklin-Bouillon, dans celui de Louis Marin, dans celui de Tardieu, pas un mot de l'Italie. Ou plutôt, je me trompe, une phrase dans le discours de Franklin-Bouillon, pour exprimer le vœu affolant que, dans la prochaine guerre, nous retrouvions l'Italie comme alliée !!! (...)
Et l'Italie, dans l'Europe actuelle, n'est pas une puissance isolée ; elle est devenue le centre actif d'un système qui tend à s'étendre chaque jour. Il existe une Internationale du fascisme dont le progrès représente précisément la plus dangereuse des menaces contre la paix, et cela pour un ensemble de raisons que nous avons déduites à maintes reprises. Que disent de cela nos prophètes de malheur ? Ils observent le même silence, la même discrétion, le même mystère. (...)
Même silence en ce qui touche les connivences manifestes de l'Italie fasciste avec la dictature bulgare,
avec la Turquie de Kemal, avec
la Russie de Staline. Même silence sur les coups de force de
Pilsudski que les élections truquées de dimanche dernier viennent de couronner par une parodie de plébiscite. (...)
Si j'en avais le loisir, je rappellerais les responsabilités des démocraties occidentales dans ce progrès du
fascisme européen."
Léon Blum, "Les problèmes de la Paix : La révision des traités", Le Populaire, 28 novembre 1930 :
"Les Traités ont déjà été révisés, et par la force. L'Europe d'aujourd'hui n'est déjà plus celle de 1918. La Turquie a fait tomber par la guerre le Traité de Lausanne. L'Italie a établi par la menace de la guerre son protectorat sur l'Albanie. Qu'ont dit nos grands patriotes ? La Yougoslavie est-elle moins proche de leur cœur que la Pologne ?"
Léon Blum, "Les problèmes de la Paix : L'imprudence grave", Le Populaire, 29 novembre 1930 :
"J'ai rappelé les précédents qu'une histoire de dix ans nous fournit déjà : campagne pour le rétablissement de la Hongrie de Behlen dans une partie de son ancien territoire ; concession d'un traité nouveau à la Turquie de Mustapha-Kemal ; annexion plus ou moins déguisée de l'Albanie par l'Italie de Mussolini."
"En Turquie : Mustapha Kemal établit un régime de terreur", Le Populaire, 16 janvier 1931 :
"Athènes, 15 janvier. (Dép.
Sud-Est). — Au moment où commence, devant la cour martiale de Menemen, le procès intenté contre les 165 personnes inculpées dans les troubles réactionnaires du 23 décembre dernier, des nouvelles reçues de Turquie signalent que les milieux bien informés déclarent que les événements de Menemen auraient été intentionnellement exagérés pour servir de prétexte à l'établissement d'un régime de terreur destiné à annihiler les velléités d'opposition qui se manifestaient depuis la dissolution du parti fondé par Fethi bey. (...)
La menace de terreur politique qui pèse aujourd'hui sur tous les militants a déjà produit son effet, car on annonce que de nombreux citoyens, anciens membres du parti libéral et désireux de se mettre à l'abri de toute suspicion, demandent leur réinscription dans les rangs du parti populaire gouvernemental."
Jarjaille, "Sur... le gril : Après Mussolini, Mustapha", Le Populaire, 31 octobre 1931 :
"Après être venu à Milan manger des macaronis en buvant de l'eau claire, avec le signor Grandi, le camarade Litvinoff est allé à Ankara rendre visite à Mustapha Kemal.
On imagine d'ici la conversation entre ces deux augures : le camarade bolchevik tapant sur le ventre du Gazi en lui disant : non, mais, faisaient-ils assez vilaine figure les communistes que vous avez fait pendre dernièrement !
Les orateurs communistes n'aiment pas beaucoup qu'on leur parle de ces rapports du gouvernement des ouvriers et paysans avec d'autres gouvernants assassins d'ouvriers et de paysans. Il ont épuisé leur provision d'indignation lorsqu'ils ont flétri la rencontre de quelque maire socialiste avec un ministre de la bourgeoisie.
Cependant les rapports « diplomatiques » qu'un maire ou un député peut avoir avec des membres d'un gouvernement qu'il combat, sont autrement nécessaires que ceux que les dirigeants de la Russie entretiennent avec les chefs de l'impérialisme mondial."
"La dictature de Kemal-Pacha entrave le mouvement syndical en Turquie", Le Populaire, 30 novembre 1931 :
"En Turquie, le secrétaire général de la F.S.I.
[Fédération syndicale internationale] s'est efforcé de réunir les renseignements sur la situation matérielle et morale de la classe ouvrière, sur ses conditions de travail, de rémunération et de logement. Force lui fut de constater que le médiocre niveau intellectuel des grandes masses de la population, ainsi que le défaut de développement industriel, constituent un formidable obstacle à l'essor d'un mouvement syndical. Au surplus, le régime despotique et dictatorial que Kemal Pacha fait peser sur la Turquie est d'une rigueur inégalée. Il réprime sans le moindre ménagement et avec une brutalité extrême toute action politique et syndicale qui va à l'encontre de la politique de son gouvernement. Rien d'étonnant, dans ces conditions que le mouvement syndical ne soit représenté en Turquie que par de pauvres et insignifiantes tentatives..."
"La dérisoire amnistie du gouvernement fasciste de Mustapha Kemal", Le Populaire, 28 octobre 1933 :
"Dans quelques jours, la Turquie Kémaliste doit fêter le dixième anniversaire de l'abolition de la monarchie et du khalifat et de la fondation du régime républicain. Il ne faut pas oublier que ce régime a évolué en peu d'années en une dictature ouverte de la grosse bourgeoisie nationale et des grands propriétaires fonciers, représentés par le « parti du peuple » (kémaliste).
Cette évolution même nécessiterait certaines mesures de clémence à l'égard des réactionnaires, adversaires d'hier et associés ou alliés d'aujourd'hui. C'est ce qui explique l'intention du cabinet d'Ankara de proclamer à cette occasion une large amnistie politique.
Aux personnes peu averties des positions réciproques des classes en Turquie il paraîtrait comme une évidence qu'une telle amnistie intéresse tous les faits politiques, sans distinction d'opinion et de tendance. Que non !
Le quotidien officieux de Constantinople, « Milliyet », dans son numéro du 15 octobre, s'empresse de nous détromper. Nous y lisons, en effet, que « l'amnistie serait générale, englobant tous les condamnés politiques sans exception »... Mais, ajoute le journal, les autorités compétentes ne rangent pas parmi les faits politiques les poursuites et les condamnations découlant des luttes révolutionnaires du prolétariat. Les emprisonnements de cette catégorie seraient traités de la même façon que ceux de droit commun.
Autrement dit, les militants ouvriers et intellectuels qui pourrissent vivants dans les cachots immondes de la république bourgeoise, pour avoir défendu les intérêts immédiats et les libertés des masses laborieuses, seront automatiquement exceptés de l'amnistie
[en réalité, le communiste Nâzım Hikmet bénéficia d'une réduction de peine grâce à cette amnistie]. Il y va de la santé et de la vie de plus de deux cents combattants parmi les plus courageux et les plus dévoués du mouvement ouvrier en Turquie.
On peut se représenter facilement l'état d'exaspération où se trouvent les masses laborieuses en Turquie. Jusqu'ici, aucune mesure de terreur, aucune représaille n'a réussi à les démoraliser. Chaque appel de leur organisation clandestine de combat les trouve prêts à réagir. C'est pour les tenir isolés de leurs chefs révolutionnaires, enfermés dans des cachots, que le parti du peuple et son gouvernement ont inventé l'assimilation des faits de lutte révolutionnaire du prolétariat aux délits de droit commun. L'opinion publique, partout doit protester énergiquement contre cette ignominie."
Gabriel Péri, "Le 10e anniversaire kémaliste : Vorochilov à Ankara", L'Humanité (journal du PCF), 31 octobre 1933 :
"Enfin, elle
[la République kémaliste] a porté les coups les plus rudes au Parti communiste réduit à l'illégalité et dont les militants sont odieusement traqués.
Eh quoi ! nous disent alors les gros malins du
Populaire. Kemal Pacha persécute les communistes et Vorochilov entretient de bonnes relations avec Kemal Pacha ?
On pourrait riposter au
Populaire que M. Paul-Boncour, sur lequel Blum ne tarit pas d'éloges, a adressé ses félicitations à Kemal sans que la vertu des dirigeants socialistes ne soit offusquée ; on pourrait dire encore que le libéralisme des socialistes durs et mous de Paris ne s'est point choqué de la décision de la social-démocratie tchécoslovaque qui vient d'approuver l'interdiction du Parti communiste tchèque."
Léon Blum, "Les aventures", Le Populaire, 13 mars 1934 :
"Il me faut bien noter l'espèce de vertige où des exemples trop proches pourraient faire tomber quelques ambitions. Il y a vingt ans, certains rêves n'auraient été que folie. Mais on a vu des Pilsudsky, des Mustapha Kemal, des Mussolini, des
Hitler passer de l'obscurité à la toute-puissance. On a vu s'accomplir des destinées telles que l'histoire n'en avait pas connu de semblables depuis le début du siècle dernier. Comment s'étonner que cette pensée vienne traverser les cervelles humaines :
« Après tout, pourquoi pas en France comme ailleurs ? Pourquoi pas moi comme un autre ? Ne serais-je pas capable de refaire un ordre, d'exercer l'autorité, d'incarner la nation ? » "
Recep Peker (secrétaire général du CHP), discours au IVe Congrès du CHP, 13 mai 1935 :
"Grâce à notre développement industriel, le nombre de nos ouvriers augmentera de jour en jour. Il importe donc, lorsque ce nombre croîtra comme résultat naturel de cette marche en avant, que cette jeune classe ouvrière turque composée des précieux enfants et des citoyens de l'Etat national turc ne soit pas corrompue par la classique lutte de classes et par les courants qui, nés et nourris dans l'esprit, ouvert à tous les courants nocifs, de l'Etat libéral, ont pris position contre cet Etat et poursuivent le but de lui substituer un Etat où serait assurée la domination d'une classe ; — et il importe que cette jeune couche de population ne soit pas empoisonnée par des sentiments qui attireraient des malheurs sur la Patrie aussi bien que sur eux-mêmes.
C'est pour ces raisons que le Parti entend que les relations entre cette nouvelle classe ouvrière et le patronat s'inspirent de l'harmonie, de la conciliation et de l'entente qui sont d'un bout à l'autre dans l'esprit et la lettre du programme du Parti.
Au cas où la procédure de conciliation serait inopérante, l'arbitrage qui sera institué par l'Etat parera aux conflits.
Le programme prévoit l'interdiction, en Turquie, de la grève et du lock-out.
Mais, à côté de cette interdiction, il importe aussi de
faire en sorte qu'un capitaliste quelconque ne puisse pressurer injustement l'ouvrier qui est, du point de vue de l'esprit populiste, un enfant de ce pays au même titre que lui. Il convient en même temps de ne pas permettre qu'une masse ouvrière, forte de son union et de sa solidarité, compromette l'industrie qui est la vie même de l'Etat.
(...) les trusts et cartels qui seraient tentés d'« exploiter » seront interdits en Turquie. De même que l'idéologie socialiste marxiste entretient dans une nation l'esprit de classe, la partage en fronts destinés à lutter les uns contre les autres et excite une classe contre une autre classe, de même, l'union et la coopération des producteurs au détriment des consommateurs donne lieu à une autre lutte de classes qui, bien qu'elle ne paraisse pas effective, est en réalité fort malheureuse.
Or, nous ne donnerons pas lieu en Turquie à ces luttes entre producteurs et consommateurs. Nous considérons comme un principe fondamental d'empêcher que se forme une masse de consommateurs à qui l'on impose des prix hors de proportion avec les prix de revient et dont le cœur déborde de haine à l'endroit de ceux qui les exploitent. (...)
Cette organisation de la classe ouvrière n'aura rien de commun avec les organisations classiques des ouvriers dans les autres pays. Elle sera dominée seulement par des idées nationales. On se tiendra à l'écart des moyens de lutte de citoyens contre citoyens, moyens préconisés par les doctrines socialistes qui ont fait leur temps et qui sont devenues caduques. Ces organisations seront liées à la nouvelle société turque par notre nouvelle mentalité et notre nouvelle éducation nationale. L'ouvrier turc ne deviendra jamais un élément de lutte et de discorde. Il sera au contraire un pilier des plus solides pour la consolidation de notre existence nationale à laquelle il devra vouer une foi sincère."
Recep Peker, discours au Parlement, cité dans Ülkü, n° 41, juillet 1936 :
"(...) la loi verra le jour juste au bon moment. La nouvelle loi sur le travail sera une loi du régime. (...) La nouvelle loi du travail empêchera à la conscience de classe de naître et de vivre."
"Espagne", Bulletin périodique de la presse turque, n° 120, 2-4 septembre 1937, p. 15 :
"On lit dans la
Djumhouriet, le 29-5 :
« Le
Karadeniz [vapeur turc], qui s'était rendu en Espagne afin d'embarquer les réfugiés franquistes à la Légation de Turquie et les citoyens turcs se trouvant en cette ville (Madrid) est arrivé hier en notre port (Istanbul). Ainsi que nous l'avons déjà dit, il n'y avait que huit citoyens turcs dans le bateau, tous les autres passagers ayant débarqué à Syracuse, en Sicile. »
Voici comment :
« Des scènes lamentables se déroulèrent à Valence et en Sicile. Des centaines de réfugiés sautèrent par-dessus les bastingages pour s'échapper à la nage. Le bateau a failli être coulé par les obus. »
Les rapatriés ont fourni des détails. Le
Karadeniz avait embarqué 730 franquistes ; beaucoup d'autres restent réfugiés dans les consulats, ambassades et légations ; le ministre de Turquie avait loué un grand local pour les recevoir. Entre rebelles et républicains, aucune réconciliation n'est possible. Dans les villes, presque toutes les maisons ont été détruites, et les habitants se creusent des abris souterrains. Bombardé par les ports espagnols, le
Karadéniz a été, dès son arrivée à Syracuse, abandonné par tous les réfugiés, dont l'exaltation était prodigieuse."
"La Turquie proteste contre la violation de la légation turque à Madrid", L'Ere nouvelle, 9 février 1938 :
"Istanbul, 8 février. — (Radio.) — On annonce que le gouvernement turc a protesté auprès du gouvernement espagnol de Barcelone contre le fait qu'il y a quelques jours
des soldats républicains firent irruption à l'intérieur des bâtiments de la légation turque à Madrid et procédèrent à l'arrestation d'un certain nombre d'Espagnols qui étaient venus chercher refuge dans cette légation."
"Chroniques : La Politique", Revue de Droit international privé, n° 3, juillet-août-septembre 1938, p. 208-211 :
"
La Conférence Balkanique
Ankara (25-27
février 1938)
Après avoir siégé pendant trois jours et examiné tous les problèmes généraux et particuliers soumis à leurs délibérations, les quatre membres de l'Entente balkanique
[Turquie, Grèce, Yougoslavie et Roumanie] publient le communiqué suivant qui résume leurs travaux :
Le conseil permanent de l'Entente balkanique s'est réuni à Ankara, sous la présidence de M. Metaxas, président du Conseil hellénique, les 25, 26 et 27 février 1938. Le président Stoyadinivitch, MM. Commen et Rustus Aras ont participé à ses travaux. (...)
4° Le Conseil a décidé de maintenir sa politique de non-intervention dans les affaires espagnoles. Des agents pourront être délégués et reçus par les Etats membres de l'Entente balkanique en vue d'établir un contact avec le gouvernement du général Franco et assurer ainsi la sauvegarde de leurs intérêts économiques. (...)
7° (...) En ce qui concerne la question espagnole, les quatre Etats ont été d'accord pour poursuivre la politique de non-immixtion dans les affaires espagnoles. Ils participent activement aux travaux du Comité de Londres. Cependant, il n'a pas été possible de fermer les yeux sur les réalités et de ne pas voir qu'à côté de l'Espagne républicaine il existe aussi une Espagne nationale avec son gouvernement légal, avec sa forte armée, son économie développée, ses victoires de plus en plus importantes. C'est pourquoi la session d'Ankara a dû tenir compte de cette réalité. Bien que certains gouvernements comme, par exemple, les gouvernements italien et allemand aient déjà reconnu officiellement le gouvernement du général Franco, le Conseil de l'Entente balkanique décida de se borner à la reconnaissance de fait de l'Espagne nationaliste, à l'exemple de la Grande-Bretagne, qui a depuis longtemps envoyé son représentant à Salamanque et accueilli à Londres le représentant du gouvernement du général Franco. En agissant ainsi, l'Entente balkanique a eu seulement en vue la protection des intérêts économiques des quatre pays en Espagne."
Voir également :
La
lutte d'indépendance impulsée par Mustafa Kemal : une résistance à
l'occupation de l'Entente et aux irrédentismes gréco-arméniens
Hamdullah Suphi : "Comment se brisent les idoles"
L'autoritarisme kémaliste
L'étatisme kémaliste
Le kémalisme : un nationalisme ouvert et pacifique
Le kémalisme, la bonne révolution
Les relations du parti Dachnak (racistes-aryanistes arméniens) avec la SFIO et l'IOS