Mohandas Karamchand Gandhi (dit le Mahatma) :
"Vous ne vous battez pas pour maintenir un usage abusif, voire erroné. Vous soutenez les Turcs, parce qu'ils représentent les gentilshommes de l'Europe et parce que les préjugés des Européens, en particulier des Anglais, à leur encontre ne sont pas dus au fait que les Turcs soient des musulmans, et parce qu'ils n'assimilent pas l'esprit moderne d'exploitation des peuples les plus faibles et de leurs terres. En vous battant pour les Turcs [kémalistes], vous vous battez pour élever la dignité et la pureté de votre propre foi." (adresse au peuple indien, Young India, 29 septembre 1921)
"Ce décès est une grande perte pour la Turquie. Puissent-ils se sortir d'affaire de cette crise." (message sur la mort d'Atatürk, The Hindu, 11 novembre 1938)
Jawaharlal Nehru (dit le Pandit) :
"Le monde change et change rapidement, et si nous ne pouvons pas adapter notre société aux nouvelles conditions, nous sommes condamnés à périr. Nous avons vu ce qui peut être fait en quelques années et même en quelques mois par un Kemal Pacha ou un Amanullah, qui n'ont pas craint de briser les anciennes coutumes et les préjugés. Ce qui a été fait en Turquie et dans l'Afghanistan arriéré peut être fait en Inde. Mais cela ne peut être fait qu'à la manière de Kemal Pacha ou d'Amanullah, en affrontant sans crainte les obstacles et en les supprimant et en n'attendant pas au seuil de la porte pour une réforme lente. Ce n'est pas un choix pour vous, car ce n'était pas un choix pour la Turquie ou l'Afghanistan, entre réformes lentes ou rapides. C'est un choix entre l'extinction et l'action immédiate. La Turquie et l'Afghanistan ont choisi cette dernière voie et sont aujourd'hui considérés comme de grandes nations. Quel sera votre choix ?" (adresse présidentielle à la Conférence des étudiants du Bengale, Calcutta, 22 septembre 1928, An Anthology, New Delhi, Oxford University Press, 1980, p. 453-454)
"Le monde change et change rapidement, et si nous ne pouvons pas adapter notre société aux nouvelles conditions, nous sommes condamnés à périr. Nous avons vu ce qui peut être fait en quelques années et même en quelques mois par un Kemal Pacha ou un Amanullah, qui n'ont pas craint de briser les anciennes coutumes et les préjugés. Ce qui a été fait en Turquie et dans l'Afghanistan arriéré peut être fait en Inde. Mais cela ne peut être fait qu'à la manière de Kemal Pacha ou d'Amanullah, en affrontant sans crainte les obstacles et en les supprimant et en n'attendant pas au seuil de la porte pour une réforme lente. Ce n'est pas un choix pour vous, car ce n'était pas un choix pour la Turquie ou l'Afghanistan, entre réformes lentes ou rapides. C'est un choix entre l'extinction et l'action immédiate. La Turquie et l'Afghanistan ont choisi cette dernière voie et sont aujourd'hui considérés comme de grandes nations. Quel sera votre choix ?" (adresse présidentielle à la Conférence des étudiants du Bengale, Calcutta, 22 septembre 1928, An Anthology, New Delhi, Oxford University Press, 1980, p. 453-454)
"Kemal Pacha (de Turquie) était naturellement populaire en Inde auprès des musulmans et des hindous. Il avait non seulement sauvé la Turquie de la domination étrangère et du désordre, mais avait également déjoué les machinations des puissances impérialistes européennes, en particulier de l'Angleterre. Mais au fur et à mesure que la politique d'Atatürk se révélait (sa tiédeur religieuse, l'abolition du sultanat et du califat, l'édification d'un Etat séculier et le démantèlement des ordres religieux), cette popularité s'estompa en ce qui concerne les musulmans les plus orthodoxes et il y eut la montée d'un ressentiment silencieux contre sa politique moderniste parmi eux. Cette même politique l'a cependant rendu plus populaire parmi la jeune génération d'hindous et de musulmans. Atatürk a partiellement détruit la structure rêveuse qui s'était peu à peu développée dans l'esprit des musulmans indiens depuis l'époque de la mutinerie. Encore une fois, une sorte de vide a été créé. De nombreux musulmans ont comblé ce vide en rejoignant le mouvement nationaliste [les anticolonialistes du Congrès national indien], mais nombre d'entre eux l'avaient bien sûr déjà rejoint auparavant ; d'autres se tenaient à l'écart, hésitants et dubitatifs. Le vrai conflit était entre les modes de pensée féodaux et les tendances modernes." (The Discovery of India, Calcutta, The Signet Press, 1946, p. 418)
"Comme vous le savez, il y a trente ou quarante ans, Kemal Pacha avait essayé d'améliorer la langue turque et de supprimer ou de réduire le nombre de mots arabes au sein de celle-ci. Il a donc chargé une commission de se rendre dans les villages (ils ne se sont pas tournés vers les érudits, notez bien) à la recherche de mots nouveaux, déjà utilisés par les villageois. Ils ont dressé une liste de dix mille mots qu'ils avaient collectés dans les zones rurales et qu'ils ont peut-être un peu peaufinés. Ces mots étaient puissants, sinon ils se seraient éteints il y a longtemps. Des milliers de ces mots ont été incorporés dans la langue turque, qui a été ainsi renforcée. Il devrait donc exister un lien entre la littérature et la langue commune. La langue de cour peut être belle mais elle ne dure pas. En outre, la langue n'est pas un simple véhicule pour des sentiments fleuris ou de belles poésies. Ce sont peut-être des bonnes choses en elles-mêmes, mais la tâche d'une langue est d'exprimer des idées. Par conséquent, s'il y a des pensées sérieuses à exprimer, la langue deviendra automatiquement puissante. Les mots ne peuvent avoir aucun pouvoir. Ce sont les idées qui leur fournissent de l'importance et de la force." (texte du 5 janvier 1954, Selected Works of Jawaharlal Nehru : 1 October 1953-31 January 1954, New Delhi, Jawaharlal Nehru Memorial Fund, 1999, p. 221)
Subhas Chandra Bose (dit le Netaji) :
"Parmi les personnages romantiques mis en avant par la Grande Guerre, Kemal Pacha était incontestablement l'un des plus marquants. Son accession fulgurante à la renommée et à la popularité est en effet rare dans l'histoire. Kemal Pacha était cependant beaucoup plus qu'un personnage romantique ou qu'un héros conquérant. Il était en même temps un stratège astucieux et un fin diplomate, et son succès sans précédent dans la vie n'aurait pu être possible sans une combinaison unique de multiples qualités d'esprit et de cœur. Kemal Pacha était un révolutionnaire non seulement sur les champs de bataille d'Anatolie, mais aussi dans le domaine de la reconstruction nationale.
Il était un exemple magnifique du dicton qui veut que ceux qui luttent pour la liberté et la gagnent devraient également mettre en œuvre le programme de reconstruction de l'après-guerre. Grand en tant que général, grand en tant que diplomate, grand en tant que réformateur social, grand en tant qu'homme d'Etat, grand en tant que combattant et grand en tant que bâtisseur — Kemal Pacha, ou Kemal Atatürk, est sans aucun doute l'un des plus grands hommes de ce siècle. C'est à lui que revient le mérite d'avoir sauvé son pays des mâchoires des puissances européennes et d'avoir construit une Turquie rajeunie sur les cendres de l'ancien Empire ottoman. Si les puissances européennes essaient une fois de plus de s'emparer de l'Asie, la Turquie de Kemal gardera le flanc ouest de notre continent. La mort d'une telle personnalité unique ne peut qu'émouvoir le monde entier et en particulier toutes les nations opprimées et exploitées comme la nôtre.
Il nous incombe de rendre un hommage respectueux à cet amoureux de la liberté et de l'humanité. Je suggère donc que nous observions la « Journée de Kemal » le 19 novembre prochain et que nous saisissions l'occasion pour organiser des réunions où des résolutions devraient être adoptées pour rendre notre hommage respectueux à la mémoire de Kemal Atatürk et transmettre nos salutations amicales aux gens émancipés de sa chère Turquie et notre sympathie de cœur pour eux dans leur deuil national." (hommage à la mémoire d'Atatürk, novembre 1938, Crossroads : Being the Works of Subhas Chandra Bose 1938-1940, New York, Asia Publishing House, 1962, p. 79)
Voir également : La Turquie ottomane et la Première Guerre mondiale (4) : un point de vue indien
Sun Yat-sen et la Turquie indépendante
Les relations entre la Turquie kémaliste et l'Afghanistan
La lutte d'indépendance impulsée par Mustafa Kemal : une résistance à l'occupation de l'Entente et aux irrédentismes gréco-arméniens
La légitimité d'Atatürk, selon le chrétien libanais Amin Maalouf
Le kémalisme, la bonne révolution
Vedat Nedim Tör : "Qu'attendons-nous de l'intellectuel occidental ?"
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