Louis Bazin, "Les peuples turcophones en Eurasie : un cas majeur d'expansion ethnolinguistique", Hérodote, n° 42, 3e trimestre 1986, p. 80 :
"On sait, notamment grâce à Hérodote, que des peuples « scythiques », de langue iranienne, nomadisaient, au sud du 45e parallèle, sur la plupart des territoires qui constitueront plus tard le « Turkestan occidental » (ou « Turkestan russe »).
On a aussi découvert, au siècle dernier, que d'autres populations de langue indo-européenne, désignées par le terme, aujourd'hui contesté, de « Tokhariens », occupaient les oasis du futur « Turkestan oriental » (ou « Turkestan chinois »). Les fouilles et les travaux des dernières décennies ont aussi permis d'établir la présence, plus à l'est, d'Indo-Européens dans l'actuel Kansou, jusqu'à la boucle du fleuve Jaune, et dans le sud de l'actuelle Mongolie. Toutes régions qui, du VIe siècle à l'ère chrétienne au Xe, seront des zones d'expansion de tribus turcophones.
En l'état actuel des connaissances, on peut considérer que la partie la plus orientale de l'aire linguistique indo-européenne était plus ou moins contiguë à la frange méridionale de l'aire turcophone. Les contacts entre Proto-Turcs et Indo-Européens sont d'ailleurs confirmés, non seulement par la présence, en turc ancien, d'éléments de vocabulaire indo-européen, mais encore, et de façon plus frappante, par la grande similitude, sur de très nombreux points, entre la « culture matérielle » des Scythes nomades (décrite par Hérodote) et celle des Turcs anciens (décrite par les sources chinoises) ; on peut aussi constater d'importantes convergences entre les traditions socioreligieuses des deux peuples.
En direction de l'ouest, l'aire turcophone, dans le demi-millénaire qui a précédé l'ère chrétienne, était en partie contiguë à celle des langues ouraliennes (appartenant au même ensemble linguistique que le groupe finno-ougrien), réparties de part et d'autre des monts Oural et du fleuve du même nom. Cette antique contiguïté est aussi confirmée par des communautés de vocabulaire remontant à une haute époque. Elle peut même, très vraisemblablement, expliquer, par de très longs contacts, le parallélisme remarquable entre les typologies des deux ensembles linguistiques."
Voir également : La proximité des langues altaïques (incluant le turc), ouraliennes et indo-européennes selon la théorie de la macro-famille linguistique nostratique
La communauté culturelle entre Celtes et Proto-Turcs
Magyars et Turcs
Aspect et beauté physiques des Turcs
Le turcocentrisme suédois au XVIIIe siècle
Georges Dumézil
La révolution kémaliste : une "restauration de l'histoire turque"
"On sait, notamment grâce à Hérodote, que des peuples « scythiques », de langue iranienne, nomadisaient, au sud du 45e parallèle, sur la plupart des territoires qui constitueront plus tard le « Turkestan occidental » (ou « Turkestan russe »).
On a aussi découvert, au siècle dernier, que d'autres populations de langue indo-européenne, désignées par le terme, aujourd'hui contesté, de « Tokhariens », occupaient les oasis du futur « Turkestan oriental » (ou « Turkestan chinois »). Les fouilles et les travaux des dernières décennies ont aussi permis d'établir la présence, plus à l'est, d'Indo-Européens dans l'actuel Kansou, jusqu'à la boucle du fleuve Jaune, et dans le sud de l'actuelle Mongolie. Toutes régions qui, du VIe siècle à l'ère chrétienne au Xe, seront des zones d'expansion de tribus turcophones.
En l'état actuel des connaissances, on peut considérer que la partie la plus orientale de l'aire linguistique indo-européenne était plus ou moins contiguë à la frange méridionale de l'aire turcophone. Les contacts entre Proto-Turcs et Indo-Européens sont d'ailleurs confirmés, non seulement par la présence, en turc ancien, d'éléments de vocabulaire indo-européen, mais encore, et de façon plus frappante, par la grande similitude, sur de très nombreux points, entre la « culture matérielle » des Scythes nomades (décrite par Hérodote) et celle des Turcs anciens (décrite par les sources chinoises) ; on peut aussi constater d'importantes convergences entre les traditions socioreligieuses des deux peuples.
En direction de l'ouest, l'aire turcophone, dans le demi-millénaire qui a précédé l'ère chrétienne, était en partie contiguë à celle des langues ouraliennes (appartenant au même ensemble linguistique que le groupe finno-ougrien), réparties de part et d'autre des monts Oural et du fleuve du même nom. Cette antique contiguïté est aussi confirmée par des communautés de vocabulaire remontant à une haute époque. Elle peut même, très vraisemblablement, expliquer, par de très longs contacts, le parallélisme remarquable entre les typologies des deux ensembles linguistiques."
Voir également : La proximité des langues altaïques (incluant le turc), ouraliennes et indo-européennes selon la théorie de la macro-famille linguistique nostratique
La communauté culturelle entre Celtes et Proto-Turcs
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