jeudi 30 janvier 2014

Jean-Pierre Chevènement

Une certaine idée de la République m'amène à..., Paris, Albin Michel, 1992, p. 27 :

"En Turquie, j'avais noué d'amicales relations avec le ministre de la Défense Safat Giray, ancien ministre des Transports et des Travaux publics, et le chef d'état-major des armées, le général Torumtay, puissant personnage dans un pays où Kemal Atatürk avait confié à l'armée le soin de préserver son héritage. Tous deux démissionnèrent à l'automne 1990 pour des « raisons de principe », avant que la Turquie ne prête ses bases à l'US Air Force pour des raids en territoire irakien."

Interview à Europe 1, 17 décembre 2004 :

"Pour ce qui me concerne, je suis favorable à l'entrée de la Turquie dans une Europe des nations, à géométrie variable. Je ne suis pas favorable à l'entrée de la Turquie dans un système rigide, tel que celui que prévoit la Constitution européenne. Je suis pour la laïcité turque et nous devons l'encourager, nous devons vivre dans le même espace commercial, régi par les mêmes règles, mais nous ne pouvons pas admettre que les votes au Conseil reflètent le poids démographique de chaque pays."

"L'avenir européen de l'idée républicaine", L'ENA hors les murs, n° 375, octobre 2007 :


"L'avenir de cette construction [européenne] est contenu dans celui de la globalisation. Ou bien, si l'Allemagne joue le jeu du leadership partagé que les Etats-Unis lui proposent, cette Europe germanocentrée fournira aux Etats-Unis la béquille dont ils ont besoin pour remédier à leur influence déclinante. La République se dissoudra alors dans l'Empire. « Finis Franciae ».

Ou bien la crise qui est devant nous conduira les principales nations européennes à fonder une Confédération de nations indépendantes, capable de se protéger des secousses internationales et des concurrences déloyales par des politiques communes adaptées en matière monétaire, commerciale, industrielle ou de défense. C'est dans le cadre d'une « Europe européenne » englobant ses partenaires stratégiques (Russie et espace russophone, monde arabe, Turquie) et capable de défendre ses intérêts propres que la République française peut survivre et s'épanouir, car la volonté populaire doit trouver un cadre dans lequel elle puisse s'exprimer et se reconnaître. Cette « République européenne » implique une France résistante, capable d'impulser dans la durée une pédagogie politique ambitieuse : sortir les nations européennes (y compris la nôtre) de leur provincialisme et leur apprendre à « penser mondial ». Faire une « Europe européenne », tel est aujourd'hui, selon moi, la vocation de la France et le sens du combat républicain."

Texte d'orientation, Conseil national du MRC, Paris, 6 avril 2008 :

"Pour que l'Europe existe dans ce monde multipolaire et notamment par rapport aux Etats-Unis et à la Chine, elle doit développer des relations de coopération privilégiées avec ses grands voisins qui constituent l'Europe élargie. Au premier chef la Russie, qui est nécessaire à l'équilibre et à la paix du continent, et que nous ne devons pas repousser vers l'Asie. Il y a beaucoup à faire avec la Russie sur le plan économique et énergétique mais aussi sur le plan diplomatique.

De même nous devons chercher à donner un contenu à « l'Union pour la Méditerranée ». Le développement du Maghreb et de l'Egypte, la stabilisation des Balkans sur la base du respect égal de l'identité de chaque peuple, la paix au Proche et au Moyen-Orient, l'arrimage enfin de la Turquie à l'Europe, répondent ainsi à notre intérêt bien compris du point de vue de la croissance aussi bien que de la sécurité."

Intervention au Sénat, 7 février 2012 :

"On comprend la circonspection de la Turquie de M. Erdogan. Celle-ci a pris une position d’arbitre. La Turquie est évidemment une puissance d’équilibre dans la région. Etait-il bien judicieux de nous la mettre à dos par le vote d’une loi prétendant écrire l’Histoire ?"

Déclarations à l'émission "28 minutes", Arte, 29 janvier 2014 :

"Il vaudrait mieux éviter un référendum négatif [sur l'entrée de la Turquie] qui créerait des tensions absolument inutiles."

"Or, il faut l'éviter. Parce que la Turquie est un grand pays émergent, aux portes de l'Europe. Nous devons avoir les meilleures relations avec elle."

Voir également : Jean-Pierre Chevènement : les Turcs de Belfort, le socialisme jacobin et la "France méditerranéenne"